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VICTOR SEGALEN OU DE LA DÉCHIRURE DU SEUIL

par Michel L’HOMME


Portrait de Victor Segalen - aquarelle réalisée par Ā’amu en 2014 pour l’ouvrage Flots d’encre sur Tahiti, 250 ans de littérature francophone, Daniel Margueron, L’Harmattan, 2015
Portrait de Victor Segalen - aquarelle réalisée par Ā’amu en 2014 pour l’ouvrage Flots d’encre sur Tahiti, 250 ans de littérature francophone, Daniel Margueron, L’Harmattan, 2015

Segalen n’a rien d’un anticolonialiste ou d’un communiste. Segalen n’est pas du vingtième siècle. Il appartient en réalité au dix-neuvième, à un autre temps. C’est en réalité un véritable conservateur qui arrive à Beijing le 12 juin 1909 après un périple dans les Mers du Sud (Polynésie, Marquises et Nouvelle-Calédonie) avec déjà quelques connaissances et un certain intérêt pour la culture chinoise, lié à son culte de l’aristocratie, à son amour du passé et de l’Histoire en général mais surtout par son profond dédain des développements contemporains européens, le refus du nivellement, tous inspirés de principes démocratiques qu’en réalité, il abhorre. Ses recherches d’alors poussées sur l’exotisme lui inspirent un enthousiasme sans borne pour le concept unique et alors frappé de disparition rapide, de l’Empereur de Chine, empereur de tout ce qui existe sous le ciel, et intermédiaire entre le Ciel et la Terre. Il est fasciné par la Cité interdite où l’Empereur vit reclus avec ses épouses et ses concubines, ainsi que les eunuques. Comme d’autres tel Alain Daniélou en Inde, il fantasme sur tous ces lieux fermés et ésotériques, temples et palais où les étrangers sont interdits en s’interrogeant avec anxiété sur ce qui pourrait bien s’y dérouler de conspiration secrète avec l’univers ou l’Un (1).


Aussi sa vie n’emprunte-t-elle rien à la geste bolchévique d’octobre 1917 ou à l’anticolonialisme d’un autre écrivain-médecin perdu en Afrique le marginal et libertaire Louis Ferdinand Céline. En fait à la date de la révolution russe, sa vie s’achève : il meurt en 1919. L’essentiel est déjà consommé. 


Segalen n’est pas un communautariste, toute vision socialiste, progressiste de bienveillante tolérance lui paraîtrait totalement étrangère et infondée. Certes, il traverse une des périodes les plus tumultueuses de l’histoire de la Chine mais en réalité, il ne s’y intéresse pas vraiment, la seule chose qui le préoccupe, c’est le « vieux monde », Le Fils du Ciel, l’entrée au Tibet. 


L’agitation politique des animalcules humains le fatigue.


Segalen est donc d’une autre trempe mais alors à quelle trempe littéraire appartient-il ? Celle, à notre avis, des voyants, du « sujet radical » exposé, il y a quelques mois, par le nouveau Raspoutine russe, Alexandre Douguine (2), la filiation poétique de l’anarque jüngerien des Falaises de marbre (3), en quelque sorte d’un moi barressien mais qui aurait enfin voyagé et traversé les océans tropicaux. La citadelle « interdite du moi », les métamorphoses de l’ipséité et de la mêmeté paraissent alors son ultime refuge. 


Pourtant rien à voir non plus avec le mythe de la tour d’ivoire, la position hautaine d’un Mallarmé, d’un Lautréamont ou d’un Nerval car Victor Segalen demeure « ouvert » au monde, open comme le souligne aujourd’hui le tout venant multiculturaliste mais grande déception aussi pour les wokistes qui chercheraient à le récupérer : Segalen n’accueille pas la diversité du monde mais s’y confronte. 


Segalen est ainsi, selon nous, au plus près de l’adage nietzschéen, « tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort », une sorte d’auto-dressage culturaliste. L’exergue de Thibet est d’ailleurs une citation de l’auteur allemand : « Au dompteur éternel des cimes de l’esprit » (4). Il propage une vision agonale de la vie. Les « petites ironies de la vie », si chères à Thomas Hardy, lui furent sans doute cruelles (5). De fait, le gladiateur Segalen ne survécut pas longtemps à son entrée dans l’arène : il mourut à quarante et un ans. Sa vie est du coup à l’étoffe de toute sa poésie : un précipité condensatoire de la tentative d’élévation.


En France, on étudie peu Segalen au Lycée sauf peut-être dans les établissements polynésiens ou néo-calédoniens car Ségalen demeure fondamentalement un écrivain pour écrivains, un poète intellectuel, même s’il fut, il y a quelques années présenté au programme de l’Agrégation de Lettres modernes.


Mais pourquoi donc ? 


Parce que le temps lui a manqué pour se pousser dans le monde littéraire, pour réellement transfigurer la vie exotique en vie poétique. Parce qu’il visait par le voyage quelque chose de plus ardent du point de vue de la vie intérieure que la réminiscence proustienne. Cet homme d’un autre siècle, retranché en lui-même a nonobstant ouvert sans le savoir notre modernité lui qui n’y appartenait pas et, à ce titre il fut le premier écrivain planétaire celui qui nous guérit définitivement aujourd’hui de l’insipide et commercial Le Clezio auquels certains pourtant à tort voudraient le rattacher (6)


Segalen fut surtout un homme et un Breton, un celtique à tout faire : tour à tour et en même temps, militaire, marin, médecin, chirurgien, dentiste, obstétricien, aquarelliste, mélodiste, voyageur, explorateur, ethnologue, sinologue, archéologue, découvreur, amateur d’art, éditeur, essayiste, romancier, poète. Une espèce de touche à tout, qui meurt d’épuisement tout en ayant conscience d’avoir accompli la mission qu’il s’était peut-être fixée, celle d’avoir ébranlé notre rapport métaphysique au monde. 


On sait qu’issu d’un milieu catholique étroit, Segalen s’en était extrait par ses études de médecine. L’itinéraire est connu : les Marquises, la Chine, la découverte de la tombe du premier empereur de la dynastie des Qin quoique qu’il n’aura ni le droit, ni le temps d’entreprendre les fouilles. C’est pourtant de cette tombe là d’où surgira en 1974 l’armée des six milles statues de la garde personnelle de Tsin-che-Houang-ti dont on retrouve nombre de copies – allez savoir pourquoi ? – dans les brocantes ou les vide-greniers normands !


Ne nous méprenons pas. Segalen n’est pas Hofmannsthal, celui d’Ein Brief, La lettre de Lord Chandos (7) : ce n’est pas la réalité qui lui échappe, c’est lui qui s’enfuit du Réel pour se réfugier dans le rêve, le sien, celui d’une certaine grandeur impériale et métapolitique de l’Homme. Il en construit ses fortifications transcendantales, il rédige et se fabrique lui-même son rempart de protection contre la modernité envahissante, le règne de la quantité qui se déploie. En vrai celtique, il édifie ses stèles et ses dolmens et ce seront alors quatre-vingt-une pierres dressées au firmament littéraire (8). Elles délimitent la circonférence de son action au monde. Après tout, l’humain n’est qu’un état végétatif de l’animal et ce seront les Stèles, un des recueils essentiels de la poésie française, le condensé de tout le possible de l’expérience humaine européenne ou les Odes, court mais subliminal pour l’extase et l’élévation.


En réalité, la poésie de Victor Segalen est à découvrir dans ses grands écarts : le recueil Peintures en est pour nous, par exemple l’autre extrémité, celle du bavardage esthétique où comme le souligne Henri Bouillier « les mots font image et les images des mots » (9). On entend souvent les hommes se justifier en disant : « ce n’étaient que des paroles ». Il ne s’agit effectivement sur les trottoirs ou les avenues que de mots, de phrases en l’air dont l’innocence peut être délicatement établie. Le bavardage jouit toujours du privilège de l’innocence. On retrouvera la même distance surprenante entre la brièveté des Odes ou la prodigieuse marche en avant des grandes laisses chantantes de Thibet


Tout est à lire chez Segalen (10), l’œuvre demeure incontournable du point de vue critique. Mais la netteté de ses notes et de ses manuscrits peuvent aussi se présenter comme un reproche adamantin à bien des ouvrages bâclés d’aujourd’hui qui constituent pourtant le fonds de lecture scandaleusement nobélisé (Annie Ernaux) de nos mécontemporains.


Segalen a construit mentalement sa cité interdite qu’il s’est efforcé de dresser entre lui et le monde. L’écriture du poète est sèche, parcimonique : elle est autant l’expression d’une pudeur constitutive de son rapport au monde qu’une volonté d’offrir au lecteur une objectivité descriptive et analytique des plus précises. Mais Segalen n’est pas Chateaubriand : il refuse tout pathos et tout se passe chez lui en réalité dans la tête. Les souvenirs s’y pressent en désordre : les lieux, les circonstances, les amis, les amours, l’épouse Yvonne, amante énigmatique sempiternellement évoquée par les biographes avides de racontars - mais aussi parmi les plus fins (11) - qui se sont penchés sur la vie de Segalen sans jamais véritablement l’éclaircir.


Nous envisagions parfois de refaire l’itinéraire chinois du poète pour le confronter à ses descriptions, à ce qu’il aurait lui-même vu. Mais que reste-t-il aujourd’hui d’authentique en Chine après près d’un siècle de matérialisme athée ? Il ressortirait à coup sûr d’un tel périple une vision de cauchemar : la mort du paysage, le paysage chinois ne ressemblant plus aujourd’hui qu’aux immondes interzones urbaines périphériques qui ceinturent nos grandes villes (12), à des décharges urbanistiques, le triomphe architectural de la laideur. 


Les prophéties nihilistes de Segalen se sont réalisées. En un siècle, le monde s’est considérablement amoindri. Il est dévasté, désarchitecturé. Le village planétaire est loin d’être une réussite du point de vue esthétique ! Comment voulez-vous que dans cet environnement de laideurs, il reste encore assez de place pour la grandeur de l’Homme et un peu de poétique pour l’ascension ! Ce constat accablant nous aide aussi à comprendre pourquoi Segalen est un auteur dont le grand public se détourne. Segalen n’est pas pour l’Occident et l’homme blanc, porteur de bonnes nouvelles. Sa clairvoyance est effrayante. Ôtez cette poitrine flétrie et constellée de chancres que nous ne saurions voir. Il n’y a plus de monde, « le monde est parti » écrivait cet autre grand génie poétique du vingtième-siècle, le poète roumain Paul Celan. L’humain n’est plus que l’état végétatif de l’animal, le genre humain qu’un souvenir terrible.


Victor Segalen a merveilleusement reconstitué dans Les Immémoriaux la perte symbolique et culturelle considérable qu’a dû représenter l’abandon progressif de la mémoire orale (les récits mythiques des généalogies polynésiennes, les haere po) (13). Il faudrait inévitablement s’arrêter sur cette figure du monde détruit, du monde effondré (14) car évidemment la question du monde n’est pas la même que celle de l’échelle mondiale ou globale : elle a sa longue histoire, une histoire à la lettre « théosophique ». On discute de « la fin du monde » ou on en recherche l’unité mais c’est celle en réalité d’un monde qui ne se trouve plus nulle part car la question du monde a disparu dans les brumes de la géopolitique, de la métaphysique et même de la poésie, dans « le Tout-monde » d’un Édouard Glissant par exemple.


Puisque le monde n’est plus, reste en effet la « planète » (« Sauvons la planète » !), une planète habitée par des êtres vivants, humains, animaux, végétaux, tous menacés par le « grand accélérateur » technologique appelé « anthropocène » et métamorphosés demain par le « transhumanisme » c’est-à-dire par les effets accélérés d’un processus de civilisation technique inséparable de l’histoire de l’hégémonie occidentale. Inséparable donc de l’histoire des pillages, exploitations et exactions de masse d’une partie du globe par une autre, bref inséparable de l’histoire de l’esclavage et de la colonisation, de la violence raciste du blanc et de l’occidental si visible aussi bien en Afrique que dans toutes les contrées du Pacifique.   


Cette accélération-là a « fait monde » à sa manière, mais a détruit le monde sans indiquer aucune voie d’issue de secours, sans même se soucier de garantir la survie de l’espèce sauf et c’est là que nous voudrions en venir avec Segalen par la littérature et la poésie, par les écrivains et les artistes, ces autres spécialistes de la Terre et du Monde qui se sentant seuls au monde ont de fait toujours rêver d’un autre monde et d’un ailleurs (« N’importe où ! N’importe où ! Pourvu que ce soit hors de ce monde » clamait Baudelaire). 


La question centrale du temps est donc bien celle de « la poésie du monde » après la fin du monde, la question du comment chanter le monde, refaire monde au lendemain de la destruction programmée du monde puisque ce qui disparaît, c’est bien l’humanité, la pluralité dans son ensemble. Franchir la frontière, changer de corps, de lieu, de temps : il y a là matière à plaisir, à jouissance, et, en conséquence, à angoisse, puisque nos certitudes vacillent lors de telles traversées mais il y a surtout là matière à réflexion et à de salutaires remises en question. Le voyageur ne fait toujours qu’emmener avec lui ses propres bagages, sa propre interprétation de l’univers, son propre inconscient. C’est pourquoi franchir le seuil d’un territoire n’est pour beaucoup souvent qu’un leurre. L’étrangeté espérée n’est plus qu’un affalement dans l’orthodoxie puisque l’inconscient ne connaît pas la traversée des frontières. Éternel traître, il fait de nous des êtres répétitifs.


Victor Segalen a-t-il vraiment réussi ses traversées ? On sait que ce médecin de la Marine a fait du monde une partie de lui-même et que l’explorer fut pour lui un « nosce te ipsum » dans la multiplicité du visible et des contrées. Celui qui comptait prendre un jour sa « vraie retraite » afin de « préparer une édition entièrement contradictoire de ses œuvres » ne put le faire. Mort prématurément à 42 ans, il ne publia de son vivant que Les ImmémoriauxPeintures et Stèles mais cela lui suffit pour modifier complètement l’exotisme. Sous l’impulsion de René Leys, il donne à ce sentiment tout ce qui le dégage de la pacotille ou de l’aspect touristique à la Pierre Benoit ou à la Loti (15), à la Claude Farrère. C’est d’ailleurs ce dernier qui lui présenta en 1908 à l’École des Langues Orientales Gilbert de Voisins qui l’emmènera pour un voyage de plusieurs mois en Chine (16). Il rejoint le peintre, nous osons écrire « tahitien », Gauguin auquel d’ailleurs il consacra des textes majeurs (voir note 5). 


En conséquence, les textes de Segalen sont là pour exprimer des interrogations qui permettent non seulement aux lecteurs de sortir des murs de sa maison mais aussi et surtout des murailles de son être. Segalen ne refuse pas la déchirure du seuil, car pour lui, l’être ne peut s’atteindre que dans l’alliance à l’hétérogène mais on ne saurait non plus en rester à une lecture aussi raz de terre. Dans les Notes sur l’exotisme, le poète affirme que le Divin est le Divers suprême, l’Autre de tout ce qui est connu, in fine le détour chinois et l’alibi tibétain, l’escalade himalayenne rêvée, l’ascension vers « à Toi, des pays le plus haut » (17), le château de l’âme exaltée d’un Dieu pressenti mais en définitive absent de l’univers et résolument inaccessible tel le buisson ardent. Dans ce complexe de froideur, d’immobilisme agité, de frénésies infécondes, de névroses, une première réponse au nihilisme et à la déconstruction du monde fut pour Segalen d’exalter et de concrétiser le principe de l’aventure, délaissant ainsi la contestation morale fin de siècle pour quitter d’une autre manière le monde bourgeois tissé d’artifices, en s’en allant vers des espaces vierges, intacts, authentiques, ouverts et mystérieux. C’est Gauguin partant pour les îles du Pacifique, Rupert Brooke s’exaltant dans les mers du Sud (18). Victor Segalen, à leur suite, chante l’Océanie primordiale puis la Chine impériale qui se meurt sous les coups de l’occidentalisme. Mais Segalen demeure breton, opère ce qu’il appelait le « retour à l’os ancestral », dénonce l’envahissement de Tahiti par les « romances américaines », ces « parasites immondes », rédige un Essai sur l’exotisme et Une esthétique du divers. C’est ce rejet des brics et brocs européens sans passé profond qui ont valu à Segalen un ostracisme injustifié et qui, du coup justifie qu’il reste aujourd’hui un auteur à redécouvrir dans la perspective involontaire qui est aussi la nôtre, celle de la disparition du monde et d’un pèlerinage sacral à reconstruire, celle comme on aurait dit Maurice Blanchot d’« une écriture du désastre » (19), c’est-à-dire étymologiquement de la perte de l’astre. La marche ratée de Segalen vers Lhassa (il ne parviendra jamais à entrer dans la cité sacrée) n’est-elle pas le signe prophétique que la marche à l’étoile a pris fin, marche qui guidait autant les paysans ardéchois dans le premier sillon du matin qu’au crépuscule, les piroguiers des Mers du Sud. Comme le marin tahitien, le laboureur d’antan marchait à l’étoile pour ouvrir son champ. Or, il n’y a plus de marche à l’étoile, de navigation stellaire. Le ciel s’est obscurci, le ciel s’est brouillé. À l’ère des satellites, les constellations elles-mêmes semblent s’être éteintes.


« L’homme s’est tu, lassé, repu, et s’assoupit au moment sourd… » (20). Dans le désastre, il faut s’aviser que plus rien ne marque un sens, ni sur terre, ni dans le ciel, ni au versant des plus hautes montagnes. Quant au parfum des fleurs et aux couleurs des frondaisons, elles ne nous parlent plus car le sens a disparu : « Le geste est fait : le but est là : j’ai touché du pied/le mystère : /J’ai dit ce qui saurait n’être dit. » (21). La capacité de sentir s’est en quelque sorte éteinte en notre humanité. Mais « Quand tous les moines seront morts ; quand le Divers sera moulu,/Quand plus rien ne sera plus en maître ; (22) », nous entendrons toujours « la musique inhumaine ». Pourquoi ? 


Parce qu’on croit la maison effondrée, on croit qu’elle a déjà péri, que tous ces os ont disparu, qu’elle est devenue fantomatique et pourtant, nous les fidèles du regard poétique, les derniers rejetons de la tribu spirituelle nous frappons à la porte, nous cherchons comme Segalen à grimper l’Himalaya, à nous introduire dans les vieux murs dont nous ne savons pas s’ils existent encore ou s’ils ne sont pas purement et simplement illusoires. Par la poésie, nous entrons dans le royaume de la précarité. Or quelle est finalement ce royaume qui pourrait à lui seul définir l’esthétique du poète ? C’est celui dont les édifices, dont les fondations, dont les constructions (23) ne tiennent plus par des poutres ou des chevrons mais simplement du fait de notre prière païenne, de l’appel bouddhiste du chemin. Le chemin tibétain de Segalen n’est pas tracé, n’est identifiable concrètement sur aucune carte géographique, sur aucun itinéraire de la réussite : il n’a pas de tracé autre que celui de l’âme et de la marche à l’étoile. « C’est la forme OBLATION » (24).


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1 - C’est ici dans cet état d’esprit que se grèvera la rencontre avec Maurice Roy, l’inspirateur du roman René Leÿs de Victor Segalen. Cf. Victor Segalen, René Leÿs. édition présentée, établie et annotée par Sophie Labatut, Paris, Folio-Gallimard, 2000. Sur le personnage énigmatique du jeune Maurice Roy : lire de M.C. Buegge-Meunier, « Maurice Roy, l’inspirateur du René Leÿs de Victor Segalen », consultable sur le site : http://www.escritures.com/index.html.

2 - Alexandre Dougine , Il Soggeto Radicale, AGA Edizioni, 2021.

3 - Ernst Jünger, Sur les falaises de marbre, Paris, Gallimard (col. L’imaginaire), 1979. 

4 - Victor Segalen, Odes suivies de l’édition intégrale établie par Michael Taylor de Thibet, préface d’Henri Bouillier, Paris, Poésie-Gallimard (n° 203), 1986, p. 37.

5 - Thomas Hardy, Les Petites Ironies de la vie, Paris, Gallimard, (col. L’Imaginaire, no 434), 2001.

6 - Pour une mise en relation critique de Segalen avec Le Clezio, nous renvoyons aux nombreuses contributions sur ce thème prononcées lors du colloque « Le Clézio, Glissant, Segalen : la quête comme déconstruction de l’aventure » qui s’est tenu au siège de l’Université de Savoie à Chambéry les 2, 3, et 4 décembre 2010 et dont les actes furent publiés par cette même université avec le titre éponyme sous la direction de Claude Cavallero en janvier 2012. 

7 - Hugo von Hofmannsthal, Lettre de Lord Chandos et autres essais, Paris, Gallimard, 1980.

8 - Victor Segalen, Stèles, préface de Pierre-Jean Rémy, Paris, Poésie/Gallimard, Sur le rapport de Victor Segalen à la Bretagne, lire Maria de los Angeles Vega-Vasquez, La Bretagne à l’encre Jarry, Segalen, Suarès : une traversée culturelle et littéraire, thèse de littérature française soutenue à l’Université du Maine le 23 avril 2009, consultable en ligne sur www.theses.fr.

9 - Victor Segalen, Peintures, Paris, Mille et une Nuits, 2000 et Odes suivies de l’édition intégrale établie par Michael Taylor de Thibet, préface d’Henri Bouillier, Paris, Poésie-Gallimard (n° 203), 1986, p. 5.

10 - Victor Segalen, Œuvres complètes, sous la direction de Christian Doumet, Paris, Gallimard-La Pléiade, 2 volumes, 2020 mais aussi édition plus pratique, Œuvres complètes, 2 volumes, Paris, Robert Laffont, Collection Bouquins, 1995. A noter que les éditions Honoré Champion ont commencé en mars 2011 la publication des œuvres complètes de Victor Segalen (18 volumes prévus). Le premier volume fut Chine, la Grande Statuaire. Un retard a été pris dans la publication lié à la difficulté que pose la question des droits d›édition des textes, des dessins et des photos mais grâce au soutien du Centre National du Livre et à l’appui du Musée Guimet, cette œuvre a enfin vu le jour progressivement. Le texte du volume un des Œuvres Critiques que nous avons eu la chance d’avoir entre les mains restitue aussi fidèlement que possible celui du manuscrit, demeuré inachevé. Il est composé de plus de cent illustrations (dessins et photographies) accompagnant le texte, tel que l’avait conçu Victor Segalen. A suivi toujours en 2011 comme deuxième volume des Œuvres Critiques, les Premiers Écrits sur l’Art de Segalen, volume réalisé par Colette Camelin et Carla van den Bergh, qui regroupe les textes suivants : « Gauguin dans son dernier décor », « Hommage à Gauguin », « Pensers païens », « Le Maître-du-Jouir », « La Marche du feu », « Gustave Moreau, Maître imagier de l’orphisme » et « Quelques musées par le monde ». Nos lecteurs polynésiens ne peuvent que se réjouir de cette très belle édition !

11 - À l’image de Jean Esponde, Une longue marche, Victor Segalen, Éditions Confluences, 2007.

12 - Andrea Palmioli, China : capillarity and territory : paradigms of diffuse urbanization, thèse d’Architecture, space management, Université Paris-Est et Università Iuav di Venezia, 2018, consultable en ligne sur https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02131188.

13 - Victor Segalen, Les Immémoriaux, Paris, Gallimard - Livre de Poche (col. Les Classiques), 2001 et « Tahiti du fond de soi », in Regards, Espaces, Signes : Victor Segalen, Paris, L’Asiathèque, 1979, pp. 181-198.

14 - Chinoua Achebe, Le monde s’effondre, Paris, Présence africaine, 2000 ; Yambo Ouologuem, Le Devoir de violence, Paris, Le Seuil, 1968.

15 - Voir notamment son texte intitulé « Sur une forme nouvelle du roman » in Œuvres Complètes, Vol 1, Paris, La Pléiade, 2021. 

16 - Cf. la courte biographie détaillée « Victor Segalen, 1878-1919 » de Annie Joly-Segalen in Victor Segalen, Odes suivies de l’édition intégrale établie par Michael Taylor de Thibet, préface d’Henri Bouillier, Paris, Poésie-Gallimard (n° 203), 1986, p. 112-116.

17 - Victor Segalen, « Tô Bod » in Thibet dans Odes suivies de l’édition intégrale établie par Michael Taylor de Thibet, préface d’Henri Bouillier, Paris, Poésie-Gallimard, 1986, p. 41.

18 - Sur Rupert Brooke voir le Hors-série, n° 3 d’Inverses, « Rupert Brooke ou les sortilèges de la beauté 1887-1915 » (sous ma direction).

19 - Maurice Blanchot, L’écriture du désastre, Paris, Gallimard, 19.

20 - Victor Segalen, « LVIII » in Thibet, op.cit., p. 106.

21 - Op. cit, « LV », p. 102.

22 - Op. cit, « LVI », p. 103. 

23 - « Où est le sol, où est le site, où est le lieu, - le milieu/Où est le pays promis à l’homme ? /Le voyageur voyage et va… Le voyant le tient sous ses yeux/Où est l’innommé que l’on dénomme… » in op.,cit, « XXI », p. 61.

24 - Victor Segalen, Odes in op.,cit., p. 24.

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