Parcours biographique d’Epeli Hau’ofa
- bureau Nahei
- 1 avr. 2022
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Dernière mise à jour : 28 juil.
(7 décembre 1939 – 11 janvier 2009)
Écrivain du Pacifique
par Henri THEUREAU

Écrivain et anthropologue fidjien d’origine tongienne, Epeli Hau’ofa est né de parents missionnaires méthodistes travaillant en Papouasie–Nouvelle-Guinée. Il est allé à l’école en Papouasie–Nouvelle-Guinée, à Tonga et à Fidji (Lelean Memorial School). Il a ensuite fréquenté trois établissements d’enseignement supérieur : l’Université de la Nouvelle-Angleterre à Armidale en Australie, puis l’Université McGill à Montréal au Canada, enfin l’Australian National University de Canberra, où il a obtenu un doctorat en anthropologie sociale, publié en 1981 sous le titre Mekeo : Inequality and Ambivalence in a Village Society (Inégalité et ambivalence dans une société villageoise).
Epeli Hau’ofa a enseigné brièvement à l’Université de Papouasie–Nouvelle-Guinée et a été chercheur à l’Université du Pacifique Sud à Suva (Fidji). De 1978 à 1981, il a été sous-secrétaire particulier de Sa Majesté le Roi de Tonga, siégeant en tant que gardien des dossiers du palais (c’est-à-dire secrétaire particulier). Pendant son séjour dans les îles Tonga, il coproduit le magazine littéraire Faikara avec sa femme Barbara. Au début de l’année 1981, il rejoint l’Université du Pacifique Sud en tant que premier directeur du nouveau Centre de développement rural basé dans les îles Tonga. Il a ensuite enseigné la sociologie à l’Université du Pacifique Sud et, en 1983, il est devenu Chef du département de sociologie de l’Université sur le campus principal de Suva. En 1997, il est devenu le fondateur et le directeur du Centre de l’Océanie pour les Arts et la Culture à l’USP à Suva.

Il est l’auteur des Contes des Tikongs, qui traite (par le biais de la fiction) de la réponse des communautés autochtones des îles du Pacifique Sud aux changements et aux défis posés par la modernisation et le développement ; il a écrit Kisses on the Nederends, un roman ; et, plus récemment, We are the Ocean (Nous Sommes l’Océan), une sélection de ses travaux antérieurs, regroupant poésie et essais. Les contes des Tikongs (Tales of the Tikongs) a d’abord été traduit en danois en 2002. Son roman Poutous sur le popotin (Kisses on the Nederends, Penguin Books, 1987) est traduit en français en 2012 par Mireille Vignol et édité par Au vent des îles.
Son essai Our Sea of Islands (Notre océan d’îles) publié en 1993 est une réflexion sur la perception des îles du Pacifique : « Il invite le lecteur à reconsidérer l’espace océanien, non comme un vaste océan constellé de minuscules terres isolées, mais comme une mosaïque de peuples reliés entre eux par une histoire et une culture communes ».

À sa mort, il était citoyen de Fidji et vivait à Suva, où il est décédé dans un hôpital privé le 11 janvier 2009, à l’âge de 70 ans. Il laisse son épouse, Barbara, et son fils, Ratu Si’i. Un service funèbre a été tenu à l’Université du Pacifique Sud, campus de Suva, le 15 janvier 2009. Il a été enterré à sa résidence de Wainadoi à Fidji. « Ce n’est pas la petite taille de nos îles qui nous définit, mais la grandeur de notre océan. Nous sommes la mer, nous sommes l’océan, l’Océanie, c’est nous. Il nous faut reprendre conscience de cette ancienne vérité et l’utiliser ensemble pour renverser tous les fantasmes hégémoniques dont le but ultime est de nous confiner à nouveau, physiquement et psychologiquement. Il est temps pour nous de créer par nous-mêmes, de créer des critères d’excellence qui soient à la hauteur de ceux de nos ancêtres. »

Le travail d’Epeli Hau’ofa a consisté à retisser des liens entre les archipels océaniens qu’il connaissait bien, afin de créer une conscience commune, sur les bases d’une histoire passée enfin reconnue voire revisitée et d’une vision optimiste de l’avenir. C’est un penseur étudié et reconnu à l’échelle du Pacifique qui n’hésite pas à « dénoncer la cupidité et la corruption des élites locales et le peu de bienfaits que les masses populaires retirent de l’aide internationale » (Sonia Lacabanne).
Il a introduit dans la littérature autochtone du Pacifique « la nouvelle satirique… Le boniment, la plaisanterie – et le rire qui s’ensuit – trouvent dans l’œuvre d’Epeli Hau’ofa les places qui leur reviennent » (Sonia Lacabanne).

Cette biographie a été partiellement écrite par Henri Theureau à partir de sa traduction de la notice de Wikipedia en langue anglaise.
Bibliographie

Ouvrages traduits et publiés en langue française
Petits contes du Pacifique, traduit par Manuel Benguigui, Éditions de l’Aube, 2006.
Poutous sur le popotin, traduit par Mireille Vignol, éditions Au vent des îles, 2012.
Notre mer d’îles (2013), L’océan est en nous (2015), Un passé à recomposer (2015), traduits par Guillaume Colombani, Tiphaine Isselé et Serge Massau, Pacific Islanders éditions, Tahiti.
Études sur Epeli Hau’ofa
Lacabanne Sonia, La nouvelle polynésienne, Éditions Universitaires de Dijon, 1994.
Lacabanne Sonia, Histoire littéraire d’Océaniens anglophones, Centre de documentation pédagogique de la Nouvelle-Calédonie, 2012.
Proust Isabelle, Engagement et satire dans la littérature du Pacifique Sud contemporain, mémoire de DEA, UPF, 2002.



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