Urgence écologique au fenua, Petit guide pratique pour tous
- bureau Nahei
- 1 avr.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 juil.
par Patricia BENNEL

Ce livre traite de tous les problèmes liés à l’écologie en Polynésie française et propose des solutions dont beaucoup sont à la portée des lecteurs Il a été rédigé par onze contributeurs.
Les illustrations de FLOH donnent au livre une dimension ludique et parfois humoristique qui allège la gravité du sujet. Il comporte sept chapitres rédigés par un ou plusieurs spécialistes du sujet traité.
L’introduction est évidemment rédigée par Sylvie LARGEAUD-ORTEGA qui insiste sur le fait qu’en Polynésie l’être humain, le ta’aata, fait partie intégrante de l’environnement et rappelle à quel point les anciens Polynésiens étaient respectueux de l’environnement avant de présenter sobrement le contenu du livre. Elle signale que ce livre est bien un « guide pratique ».
Le premier chapitre est écrit par Stéphane BITOT, ingénieur spécialisé dans les énergies. Sa contribution a pour titre L’ÉNERGIE PRODUIT DOPANT DE NOTRE SOCIÉTÉ. Dans ce chapitre, il définit l’énergie, explique à quel point elle est devenue importante et source de progrès mais aussi en quoi les énergies fossiles représentent un danger pour le climat si elles sont polluantes Puis il propose des alternatives qui consistent en partie à devenir plus sobre, à recourir à l’économie circulaire ainsi qu’aux énergies renouvelables le plus possible.
Le deuxième chapitre est l’œuvre de Yann FOLLIN, né à Tahiti où il travaille depuis 2016 pour un réseau d’observation des lagons qui dépend de la Direction des Ressources marines après des études en océanographie côtière à l’Université de Bordeaux. Il traite dans son chapitre de L’OCÉAN, SOURCE DE VIE. L’auteur expose le phénomène des courants et leur impact et aussi les problèmes que pose le réchauffement climatique, l’acidification liée à ce phénomène, l’accumulation de déchets de plastique et la surpêche et propose des solutions pour un rapport plus harmonieux à l’environnement concernant l’océan. En font partie la création de zones protégées, qui reprennent la pratique ancestrale du rahui, la mise en place d’une aquaculture durable et un comportement de citoyen responsable
Le troisième chapitre est l’œuvre de trois auteurs, il s’intitule AU SECOURS DE NOS PLANTES, OISEAUX ET RIVIÈRES. Après un rapide état des lieux chaque co-auteur parle de son domaine de prédilection, met en garde et propose des actions qui peuvent aider à résoudre en partie certains problèmes : que ce soit arracher certaines plantes envahissantes, protéger certains oiseaux en voie de disparition, désencombrer le lit des rivières et ne pas laisser le sol nu à proximité des rivières (érosion des sols), ne pas bétonner les berges (ce qui provoque des débordements en cas de crue) etc. Une mise en garde est faite aussi contre les importations de plantes nouvelles d’une île à l’autre. Les sujets sont traités respectivement par Jean-François BUTAUD, ingénieur forestier, docteur en chimie moléculaire pour les plantes, Caroline BLANVILLAIN, vétérinaire et militante associative pour la sauvegarde des oiseaux et Matthieu AUREAU docteur en hydrologie et hydrogéologie pour les rivières.
Le quatrième chapitre, rédigé par Riki WONG YEN avec la participation de Lolita WONG YEN s’intitule UNE ÉCOACTION AU BOUT DE LA FOURCHETTE et traite bien sûr de l’alimentation. Le rédacteur de l’article a été longtemps le chef du restaurant « Le Dragon d’or » à Papeete. Depuis 2010 il milite dans diverses associations et donne des cours de cuisine au Fare Hau Tahiti qu’il a fondé ainsi que dans des écoles et divers salons, foires etc. pour promouvoir « le manger simple et local » (mais gourmand).
En Polynésie désormais des labels bio permettent au consommateur de s’y retrouver. En ce qui concerne la façon de cuisiner les produits locaux Riki WONG YEN propose aux lecteurs des recettes, entres autres à base de ‘uru (arbre à pain) et de produits locaux.
Le cinquième chapitre, rédigé par Loanah WONG traite de L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE. Cette Polynésienne de 28 ans est conseillère en économie circulaire auprès de diverses entreprises et travaille depuis 2021 pour la Direction des Ressources Marines sur le problème de la gestion des déchets.
Dans son article elle dénonce « l’économie linéaire » : « Extraire-transformer- consommer-jeter ». De plus des problèmes d’approvisionnement peuvent apparaître, comme on l’a vu lors de la crise du COVID. Il faut donc, selon l’auteure, produire local quand c’est possible, penser à réutiliser les matériaux et refuser « l’obsolescence programmée » mais aussi gérer correctement de nombreux déchets.
De plus elle explique que les déchets à l’air libre, génèrent un liquide polluant le « lixiviat » qui va polluer les rivières et faire blanchir les coraux du lagon. Tout est lié : traitement des déchets, qualité de l’eau, préservation des rivières et des lagons, agriculture, environnement.
Face à tous ces problèmes il y a nécessité, selon l’auteure, d’une économie circulaire : l’idéal est de tendre vers l’éco-efficacité : zéro émission, zéro produit chimique, zéro déchet, zéro impact.
Le sixième chapitre, écrit par Jason MAN SANG a pour titre MILITER POUR LE VIVANT. L’auteur y fait le récit de son parcours et de son combat incessant en faveur de l’écologie Jason MAN SANG, 26 ans, milite pour la protection du vivant dans diverses associations, il a initié des « Marches pour le Climat » à Tahiti et « fondé un espace dédié à la transition et à la résistance écologique le « FARE UMARA ». Il y donne des formations en agroécologie, permaculture et alimentation durable. Il a pris conscience de l’urgence « de prendre le problème à la racine » donc de ne pas se contenter d’une action individuelle mais de convaincre les autres. Il invite le lecteur à s’engager à son tour dans ce « combat pour la vie » en adhérant à des associations ou en en créant.
Le septième et dernier chapitre est l’œuvre de Marie-Laure VANIZETTE, diplômée en sciences politiques, en droit et management, en retraite professionnelle depuis 2016, elle milite activement dans des associations. Le chapitre se nomme AGIR DANS UNE ASSOCIATION.
L’auteure insiste sur le fait que l’action individuelle doit s’accompagner d’une action collective. Elle fait un rappel de l’histoire du mouvement associatif écologiste en Polynésie avec la création de l’association Ia Ora Te Natura en 1973 qui lutta d’abord pour la protection de la nature puis sous l’influence d’Henri HIRO contre le nucléaire.
L’auteure montre l’utilité de l’action des associations : interdiction du « shark feeding », réglementation de l’utilisation des sacs en plastique. Des associations demandent que l’exploitation qui ravage la nature de l’île de Makatea ne soit pas reprise, le rahui a fait les preuves de son utilité ainsi les espaces protégés etc Il s’agit pour les associations en faveur de l’environnement de faire, petit à petit, adhérer la population à la notion d’urgence environnementale dès l’école primaire.
Un annuaire des associations de protection de l’environnement est à la disposition des lecteurs à la fin du chapitre. L’auteure explique aussi les démarches à faire pour créer une association.
Une bibliographie est proposée par chaque auteur à la fin de son chapitre.



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